Les colons mènent des attaques de représailles contre les villages palestiniens voisins après la mort de trois Israéliens lors d'une fusillade.
La Haute Cour exige des réponses de la police pour ne pas avoir empêché des attaques contre des villageois palestiniens
Des colons radicaux ont organisé des émeutes dans plusieurs villages palestiniens de Samarie lundi, après que des terroristes palestiniens eurent tué trois Israéliens et en eurent blessé sept dans la même région.
Dans la matinée, deux terroristes ont ouvert le feu sur une voiture et un bus qui traversaient le village d'al-Funduq, tuant Elad Yaakov Winkelstein (35 ans), un policier qui n'était pas en service, et deux femmes de la ville voisine de Kedumim, Rachel Cohen (73 ans) et Aliza Raiz (70 ans).
Les terroristes ont pris la fuite après la fusillade et n'ont pas encore été arrêtés, malgré une vaste chasse à l'homme menée par les Forces de défense israéliennes (FDI).
Tout au long de la journée, des groupes de colons radicaux ont publié en ligne des appels à la vengeance, selon des groupes de défense des droits de l'homme. Dans la soirée, des émeutes ont été signalées dans les villages situés autour d'al-Funduq, notamment à Far'ata, Immatain et Hajjah, où les FDI exercent un contrôle de sécurité en vertu des accords d'Oslo.
À Hajjah, des rapports palestiniens indiquent que des colons ont mis le feu à des véhicules, Ynet News rapportant que quelque 80 colons ont pris part aux émeutes. D'autres ont jeté des pierres sur des maisons et détruit des récoltes à Far'ata et Immatain.
Selon Ynet, l'IDF avait préparé des mesures pour prévenir les émeutes de représailles, mais n'a pas réussi à les empêcher. L'armée a déclaré avoir reçu plusieurs rapports sur des "civils israéliens qui sont entrés dans le village" à Hajjah et ont "causé des dommages à la propriété".
Pendant ce temps, les FDI ont poursuivi leur recherche des terroristes en créant des barrages routiers supplémentaires et en pénétrant dans les villages environnants.
Les violences commises par des groupes de colons israéliens radicaux à l'encontre de civils palestiniens ont augmenté ces dernières années, en particulier depuis l'invasion du 7 octobre, les critiques estimant que les FDI et le Shin Bet n'ont pas fait assez pour enrayer le phénomène.
Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a été particulièrement critiqué. Alors que le Shin Bet et les FDI ont tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises sur ce phénomène, M. Ben Gvir a rejeté ces allégations et a fait valoir que les jeunes qui endommagent des biens font l'objet d'une attention démesurée.
Avant d'entrer en politique, M. Ben Gvir était l'avocat de la défense de plusieurs jeunes colons accusés - et condamnés - de violences contre des Palestiniens et des chrétiens.
Par ailleurs, la Haute Cour a demandé lundi à la police de lui expliquer pourquoi ses instructions visant à réduire la violence des colons dans le sud de la Judée n'ont pas été suivies d'effet.
L'affaire concerne une requête des résidents palestiniens de Khirbet Zanuta, qui se plaignent que la police et les FDI n'ont pas respecté les ordres de la Cour pour leur permettre de retourner en toute sécurité dans leur village, qu'ils ont quitté en octobre 2023 en raison des attaques des communautés israéliennes voisines.
Entre-temps, plusieurs maisons et un bâtiment scolaire financé par l'UE ont été détruits ou endommagés dans le village.
Le président par intérim de la Cour suprême, Isaac Amit, aurait claqué la table à un moment de l'audience, déclarant à un représentant de la police : "Pas un seul acte d'accusation n'a été déposé. Nous voyons des colons dans leurs maisons. Rien n'a été fait".
L'inspecteur en chef Aviad Balmas, responsable de l'enquête au commissariat d'Hébron, a fait valoir que la police envoie régulièrement des agents lorsque des plaintes sont déposées, mais qu'elle peine à faire respecter la loi.
Lorsque les officiers arrivent, ils ne trouvent rien, pas même ceux qui ont déposé les plaintes, a affirmé Balmas. "Il n'y a pas de véritables limites [foncières]. Un troupeau passe avec le berger [juif], dans une zone où il n'y a rien, aucune culture, et les moutons du berger vont sur les terres palestiniennes. Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ? Une voiture de police va arriver, emmener le berger et les moutons vont se disperser ?
En ce qui concerne les allégations de violence, M. Balmas explique :"Nous envoyons une voiture à chaque incident. La zone est immense. Nous enquêtons et convoquons les gens pour les interroger. Le fait qu'il y ait des plaintes ne signifie pas qu'elles se sont toutes produites."
Le fait que la plupart des maisons du village aient été construites illégalement dans les années 1980, après que les grottes voisines dans lesquelles ils vivaient ont commencé à se détériorer, complique encore le problème.
En 2007, l'administration civile israélienne qui gouverne la région a émis des ordres de démolition à l'encontre des maisons. Après une bataille juridique, l'État a déclaré en 2017 qu'il élaborerait un plan directeur de zonage pour la région et qu'il n'appliquerait pas les ordres de démolition jusqu'à ce moment-là.
Malgré cela, l'administration civile a déclaré aux villageois en septembre qu'elle exécuterait les ordres de démolition s'ils n'acceptaient pas de déménager, et les a donc empêchés de réparer leurs maisons endommagées.
Le Staff de All Israel News est une équipe de journalistes en Israël.