Le lauréat israélien du prix Nobel met en garde contre la « fuite des cerveaux », qui constitue une menace existentielle

Professeur israélien et lauréat du prix Nobel, Aaron Ciechanover - l'un des plus grands scientifiques israéliens - a récemment averti qu'une « fuite des cerveaux » potentiellement importante pourrait menacer la viabilité à long terme d'Israël en tant que pays moderne et avancé. Ciechanover (76 ans) a reçu le prix Nobel de chimie en 2004 et le prix d'Israël en 2003.

La fuite des cerveaux désigne l'émigration de personnes hautement qualifiées et instruites de leur pays d'origine vers d'autres pays, souvent à la recherche de meilleures opportunités d'emploi, de salaires plus élevés ou de conditions de vie plus favorables. Ce phénomène peut entraîner une pénurie de travailleurs qualifiés dans le pays d'origine et potentiellement entraver son développement économique et social.

Dans sa mise en garde lors de la « Conférence nationale d'urgence » de dimanche, M. Ciechanover a souligné que les jeunes Israéliens talentueux « veulent vivre dans un pays libre, libéral et démocratique, et non dans un pays où le gouvernement prend le pouvoir par la force... ».

« Ce sont ces personnes qui ont décidé qu'elles ne pouvaient plus vivre dans ce pays », a-t-il averti, faisant référence à la réforme controversée du système judiciaire israélien qui a divisé la société israélienne l'année dernière, avant la guerre de Gaza.

« Il y a une énorme vague de départs du pays », a affirmé M. Ciechanover. « La plupart des médecins chevronnés quittent les hôpitaux ; les universités éprouvent des difficultés à recruter des professeurs dans des domaines essentiels. Cette communauté est « très étroite ».

M. Ciechanover, biologiste et professeur au Technion-Israel Institute of Technology, s'est adressé aux participants à la conférence au kibboutz Nir Oz, l'une des communautés les plus touchées dans le sud d'Israël lors de l'invasion et de l'attaque du Hamas le 7 octobre.

Lors de son intervention devant des hommes d'affaires et des universitaires israéliens de haut niveau, il a affirmé que « dès que 30 000 de ces personnes partiront, nous n'aurons plus de pays ici », laissant entendre que l'avenir de l'État d'Israël dépendait d'un nombre relativement restreint de professionnels et de scientifiques occupant des postes clés.

« Ce sont des gens qui quittent le pays parce qu'il n'est pas bon pour eux... à cause de ce qui existait avant la guerre », a-t-il déclaré en faisant référence aux manifestants pour la réforme du système judiciaire.

L'attaque du Hamas en octobre dernier a peut-être influencé le départ définitif des Israéliens vers d'autres pays.

Quelque 12 300 Israéliens ont quitté le pays en octobre 2023 et ne sont pas encore revenus en Israël. Cela représente une augmentation de 285 % de l'émigration par rapport à octobre 2022, lorsque seulement 3 200 Israéliens avaient quitté le pays.

Entre novembre 2023 et mars 2024, environ 30 000 Israéliens ont émigré de façon permanente, marquant une baisse de 14 % par rapport à la même période de l'année précédente.

Cependant, les données ont montré une diminution de 21 % du nombre d'Israéliens qui ont déménagé à l'étranger et ont ensuite décidé de revenir en Israël au cours de la même période, ce qui indique que les Israéliens résidant en dehors d'Israël sont actuellement moins enclins à revenir.

Le lauréat du prix Nobel a également exhorté le gouvernement dirigé par M. Netanyahou à faire tout ce qui est en son pouvoir pour ramener en Israël les otages israéliens restants de Gaza, sous peine de voir se rompre « le contrat le plus fondamental entre la société, le gouvernement et les forces de défense israéliennes ».

M. Ciechanover a déclaré que de nombreux Israéliens « sont silencieux et ne réagissent pas » aux problèmes auxquels Israël est confronté. Il a appelé le président Isaac Herzog à « se lever et à faire quelque chose ».

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui effectuait cette semaine sa 9e visite en Israël depuis le 7 octobre, a déclaré aux journalistes lundi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accepté l'accord de libération d'otages et de cessez-le-feu conclu sous l'égide des États-Unis.

« Lors d'une réunion très constructive avec le Premier ministre Netanyahu aujourd'hui, celui-ci m'a confirmé qu'Israël acceptait la proposition de rapprochement - qu'il la soutenait », a déclaré M. Blinken. « Il incombe maintenant au Hamas de faire de même.»

Cependant, l'organisation terroriste Hamas a une nouvelle fois rejeté l'accord proposé et des responsables américains ont averti que l'accord sur les otages était « proche de l'effondrement ».