La vice-présidente de la CIJ, Julia Sebutinde, s'oppose à l'avis consultatif de la CIJ pour l'Assemblée générale des Nations unies
La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu son avis consultatif tant attendu sur les conséquences juridiques de la politique d'Israël dans les territoires palestiniens occupés, suscitant des dissensions considérables dans les cercles diplomatiques et juridiques du monde entier et au sein même de la Cour internationale de justice. Voici un compte rendu des débats qui se sont déroulés dans la salle d'audience ornée de boiseries de La Haye, où des juges en robe noire présidaient un public varié de diplomates, d'experts juridiques et d'observateurs internationaux.
La décision de la Cour de rendre un avis n'a pas été tout à fait unanime, avec un vote de 14 contre 1. La vice-présidente Julia Sebutinde a exprimé une opinion dissidente, laissant présager son opposition à l'avis majoritaire sur toutes les questions.
Avis complet de Julia Sebutinde
Sur les questions essentielles, les conclusions de la Cour se sont révélées beaucoup plus controversées. Par une mince marge de 11 contre 4 (pour une majorité des 2/3), la CIJ a déclaré illégale la présence continue d'Israël dans le territoire palestinien occupé, appelant à y mettre fin rapidement. Cette courte majorité souligne les profondes divisions qui entourent ce conflit complexe.
La Cour a statué à 14 contre 1 qu'Israël devait immédiatement cesser toute nouvelle activité de colonisation et évacuer les colons existants. Le vice-président Sebutinde a été le seul à s'opposer à cette décision sur plusieurs points essentiels.
La dissidence du juge Sebutinde se lit comme une attaque en règle contre la majorité, accusant la Cour d'avoir mal appliqué le droit de l'occupation et d'avoir adopté des présomptions infondées. Selon elle, la CIJ n'a pas procédé à une analyse critique de questions essentielles, notamment les revendications de souveraineté concurrentes et le principe de l'uti possidetis juris tel qu'il s'applique à l'ancien territoire sous mandat britannique.
L'accent mis par le juge Sebutinde sur le contexte historique est particulièrement convaincant. Elle soutient qu'une évaluation juridique appropriée nécessite de comprendre l'histoire complexe de la région, depuis l'Antiquité jusqu'à la période du mandat britannique. Mme Sebutinde suggère que le fait que la Cour s'appuie sur les lignes d'armistice de 1949 comme frontières de facto est juridiquement problématique et pourrait légitimer l'usage de la force contre Israël en 1967.
Le juge ougandais s'en prend également à la manière dont la Cour traite les colonies israéliennes, estimant que l'illégalité générale dénature à la fois la quatrième convention de Genève et le mandat initial pour la Palestine. Sur la question épineuse de l'occupation, M. Sebutinde affirme que le contrôle exercé par Israël à la suite d'une légitime défense en 1967 ne peut être considéré de manière simpliste comme illégal en raison de l'écoulement du temps.
Plus important encore, la dissidence de Mme Sebutinde met en évidence le cadre de négociation existant pour résoudre le conflit, y compris les résolutions de l'ONU et les accords d'Oslo. Elle soutient que l'avis de la Cour pourrait saper ces accords soigneusement rédigés, qu'elle considère comme créant une lex specialis qui devrait prévaloir sur le droit général de l'occupation.
L'avis majoritaire de la Cour demande à Israël de réparer les dommages causés à toutes les personnes physiques ou morales dans le territoire palestinien occupé. Le juge Sebutinde s'interroge sur l'opportunité d'appliquer ce principe de réparation intégrale au conflit israélo-palestinien complexe, arguant que la complexité de la situation, avec des reproches attribuables à diverses parties, complique la détermination de la part précise de responsabilité d'Israël.
Dans une décision prise à 12 voix contre 3, la Cour a estimé que tous les États et organisations internationales sont tenus de ne pas reconnaître comme légale la situation résultant de la présence illégale d'Israël dans le territoire palestinien occupé, ni de prêter aide ou assistance au maintien de cette situation. Les juges Abraham et Aurescu se sont joints à Sebutinde pour exprimer leur désaccord sur ce point, soulignant ainsi les complexités juridiques.
La CIJ a conseillé, toujours par 12 voix contre 3, que les Nations unies, en particulier l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité, envisagent des actions précises pour mettre fin le plus rapidement possible à la présence illégale d'Israël dans le territoire palestinien occupé. Cet avis pourrait justifier un appel à une tentative plus concrète de la part du Conseil de sécurité des Nations unies pour résoudre le conflit.
Alors que l'avis majoritaire de la CIJ influencera sans aucun doute les efforts diplomatiques futurs, les dissidences énergiques - en particulier celle de Sebutinde - rappellent les complexités juridiques et historiques du conflit. Comme cet auteur l'a observé à maintes reprises dans la région, les catégorisations juridiques nettes s'effacent souvent devant les réalités du terrain.
La juge Sebutinde soutient que la Cour aurait dû refuser de rendre un avis consultatif, citant plusieurs raisons qui mettent en péril son intégrité judiciaire. Elle soutient que la Cour ne dispose pas d'informations suffisamment précises et fiables pour évaluer équitablement les questions complexes en jeu. La formulation des questions de l'Assemblée générale, associée à ce qu'elle considère comme un récit unilatéral présenté par de nombreux participants, empêche un examen complet du contexte historique particulier du conflit.
La dissidence de Mme Sebutinde souligne la nécessité de comprendre le contexte historique du conflit israélo-palestinien, y compris les revendications territoriales concurrentes dans l'ancienne Palestine mandataire britannique. Elle fournit un compte rendu détaillé de l'histoire de la région, arguant que ce contexte est indispensable pour apprécier les nuances du conflit et les questions juridiques en jeu.
Selon Mme Sebutinde, la Cour a négligé un principe juridique fondamental : l'uti possidetis juris. Ce principe de droit international coutumier, qui vise à maintenir la stabilité dans la démarcation des frontières territoriales des États nouvellement indépendants, dicterait que les frontières d'Israël au moment de son indépendance en 1948 devraient coïncider avec celles du mandat britannique pour la Palestine. Selon le juge, l'application de cette doctrine signifierait qu'Israël a la souveraineté territoriale sur toutes les zones contestées de Jérusalem, de la Cisjordanie et de Gaza, sauf là où il a volontairement cédé sa souveraineté depuis l'indépendance.
La décision partagée et les avis minoritaires très tranchés suggèrent qu'en dépit des déclarations de la CIJ, la voie de la résolution du conflit israélo-palestinien reste plus compliquée que jamais. Alors que les diplomates et les décideurs politiques sont aux prises avec l'avis de la Cour, ils feraient bien de tenir compte de l'appel du juge Sebutinde en faveur d'une approche plus nuancée qui tienne compte de tout le poids de l'histoire, des revendications juridiques opposées et des préoccupations légitimes en matière de sécurité de toutes les parties.
L'avis consultatif de la CIJ, bien qu'il ne soit pas juridiquement contraignant, offre un cadre pour discuter des dimensions juridiques du conflit. Il pourrait influencer les efforts diplomatiques futurs et les discussions juridiques autour de la question israélo-palestinienne. Les voix dissidentes nous rappellent la complexité de la situation et la nécessité d'examiner attentivement tous les aspects du conflit en vue d'une résolution juste et durable.
Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.