La solution des émirats pour Gaza

Mordechai Kedar, universitaire israélien et expert en affaires arabes, suggère de mettre en œuvre une "solution émirienne", c'est-à-dire un modèle de gouvernance basé sur l'exemple réussi des Émirats arabes unis (EAU) et adapté à la structure sociale tribale de Gaza.
Les Émirats arabes unis sont un exemple de gouvernance arabe réussie. Créée en 1971, cette fédération de sept émirats a atteint la stabilité et la prospérité en travaillant avec, plutôt que contre, les structures tribales traditionnelles. Chaque émirat conserve son autonomie tout en participant à un cadre fédéral plus large qui assure une défense et une politique étrangère communes.
Ce qui caractérise l'approche des Émirats arabes unis, c'est la reconnaissance du fait que les affiliations tribales restent la structure fondamentale de la société arabe. Plutôt que d'essayer d'imposer une démocratie à l'occidentale, les Émirats arabes unis se sont appuyés sur les réseaux tribaux et les structures de direction existants. Cette approche a aidé les Émirats à devenir un rempart contre l'extrémisme islamique dans la région.
Les Émirats arabes unis ont activement œuvré pour contrer les interprétations radicales de l'islam par des réformes éducatives, la promotion d'un discours religieux modéré et la mise en place de cadres juridiques pour lutter contre l'extrémisme. En 2016, le pays a créé un ministère de la tolérance chargé de promouvoir la coexistence culturelle et religieuse. Cette combinaison de gouvernance tribale traditionnelle et de politiques modernes et modérées a permis d'instaurer la stabilité.
La structure sociale de Gaza, comme une grande partie de la société arabe, reste fondamentalement tribale. M. Kedar propose de diviser Gaza en cinq émirats sur la base de ses districts traditionnels : Beit Lahia, Beit Hanoun, Gaza City, Khan Yunis et Rafah. Chaque émirat serait gouverné de manière autonome par le clan local dominant, à l'instar des émirats des Émirats arabes unis.
Cette approche s'inscrirait dans le cadre du tissu social existant de Gaza, plutôt que contre lui. Plutôt que d'essayer d'imposer une Autorité palestinienne centralisée ou de maintenir la main de fer du Hamas, la solution des émirats répartirait le pouvoir entre les chefs tribaux locaux qui ont déjà une autorité légitime au sein de leurs communautés.
Israël a le droit légal de mettre en œuvre ce plan et exerce sa souveraineté sur Gaza. La position juridique légitime d'Israël découle du principe de l'uti possidetis juris, selon lequel les nouveaux États héritent des frontières de la dernière unité administrative de haut niveau qui les a précédés. Dans le cas d'Israël, il s'agissait du mandat britannique pour la Palestine. Lorsqu'Israël a déclaré son indépendance en 1948, il a hérité des frontières du Mandat en vertu de ce principe. L'occupation ultérieure de la Cisjordanie par la Jordanie (1948-1967) n'a pas conféré de souveraineté, tout comme la reconquête de ces régions par Israël en 1967 ne constitue pas une "occupation".
Ce cadre juridique donne à Israël l'autorité nécessaire pour mettre en œuvre des dispositions administratives dans ces régions. Les accords d'Oslo de 1993 ont créé un régime administratif complexe avec l'Autorité palestinienne, mais il s'agissait d'une délégation volontaire de l'autorité administrative par Israël, et non d'une reconnaissance de la souveraineté palestinienne.
Selon la solution des émirats, Israël maintiendrait un contrôle de sécurité sur les zones rurales tout en accordant une autonomie substantielle aux émirats urbains. Chaque émirat gérerait ses propres affaires civiles, y compris l'éducation, les soins de santé et la gouvernance locale. Cet arrangement refléterait certains aspects du modèle des Émirats arabes unis, où les émirats individuels conservent une autonomie domestique importante tout en participant à un cadre de sécurité plus large.
Les Émirats arabes unis pourraient jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre de ce plan. Forts de leur expérience en matière de gouvernance, de leurs ressources financières substantielles et de leurs liens de plus en plus étroits avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham, les Émirats pourraient fournir à la fois l'expertise et les investissements nécessaires à la reconstruction de Gaza. Les Émirats arabes unis ont déjà démontré leur volonté de s'engager dans des efforts de stabilisation régionale et ont à leur actif des projets de développement réussis.
L'Arabie saoudite pourrait apporter son soutien à un tel plan. Les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont complexes mais généralement alignées. Les deux pays défendent des versions plus modérées de l'islam et s'efforcent de contrer les influences extrémistes. Les récentes discussions de l'Arabie saoudite sur la normalisation avec Israël suggèrent qu'elle pourrait être réceptive à des solutions créatives pour la gouvernance palestinienne.
Les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont devenues de plus en plus étroites ces dernières années, les deux pays coordonnant les questions de sécurité régionale et les initiatives économiques. Leur préoccupation commune concernant l'influence iranienne et l'extrémisme islamique crée un alignement potentiel des intérêts dans le soutien à des solutions axées sur la stabilité pour Gaza.
Le modèle émirien pourrait être étendu à la Judée et à la Samarie (la Cisjordanie), où les structures tribales restent fortes. M. Kedar suggère d'établir huit émirats basés sur les principaux centres urbains, chacun étant gouverné par le clan dominant. Cela permettrait une autonomie locale tout en maintenant le contrôle de la sécurité israélienne sur les zones rurales.
Le principal avantage de cette approche est qu'elle s'aligne sur les structures sociales existantes. Plutôt que d'imposer des cadres nationaux artificiels, elle s'appuierait sur des réseaux de dirigeants tribaux établis qui exercent déjà une autorité légitime au sein de leurs communautés.
La question cruciale est de savoir si les Palestiniens accueilleraient favorablement un tel arrangement comme alternative à la poursuite du conflit. Des sondages récents indiquent que les Palestiniens sont de plus en plus désillusionnés par le Hamas et l'Autorité palestinienne. La solution des Émirats pourrait offrir une voie médiane - maintenir la dignité palestinienne et l'autonomie locale tout en fournissant un cadre pour le développement économique et la stabilité.
Le succès du modèle des Émirats arabes unis constitue un contre-récit puissant face aux idéologies extrémistes. Les Émirats ont démontré que les sociétés islamiques peuvent atteindre la prospérité et la stabilité sans tomber dans le radicalisme. Cet exemple pourrait séduire les Palestiniens à la recherche d'alternatives à un conflit sans fin.
La mise en œuvre se heurterait à certaines difficultés. Le Hamas et d'autres groupes militants s'opposeraient fermement à tout arrangement qui réduirait leur pouvoir. L'Autorité palestinienne résisterait à la décentralisation de son autorité. Certains chefs de tribus pourraient initialement hésiter à participer.
Toutefois, les avantages potentiels sont considérables. La solution des émirats pourrait assurer l'autonomie locale et la dignité des communautés palestiniennes, le développement économique grâce aux investissements des Émirats arabes unis et, éventuellement, de l'Arabie saoudite, ainsi qu'un cadre de coexistence pacifique avec Israël.
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Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.